French

Le Qoutidien Luxembourg

on Monday, 25 July 2022. Posted in French

By Grégory Cimatti

Le Qoutidien Luxembourg

Musicien complet et soliste virtuose, le saxophoniste israélien Shauli Einav a posé ses bagages à Luxembourg en 2019. Rencontre avec une nouvelle figure de la scène jazz nationale, avant son passage sur scène au Blues’n Jazz Rallye samedi.

Il s’est produit dans des salles et festivals à travers l’Europe, l’Asie et les États-Unis, tout en côtoyant les plus grandes figures du jazz comme Aaron Goldberg ou Avishai Cohen. Shauli Einav, 40 ans, a déjà une longue et belle expérience derrière lui, construite entre New York et Paris, comme en témoignent six albums de haute facture. C’est au Luxembourg, où il est installé en famille depuis 2019, qu’il poursuit sa carrière : d’abord en tant que professeur à l’International School of Luxembourg, puis au sein d’un nouveau quartette dans lequel figure notamment le batteur luxembourgeois Paul Wiltgen. Un projet pour lequel le saxophoniste – que l’on a déjà pu voir à Neïmenster – abandonne ses réflexes acoustiques pour mieux explorer des paysages sonores plus électriques. Un changement qui sera manifeste dès demain du côté du Melusina, dans le cadre du Blues’n Jazz Rallye. Entretien.

Après Tel-Aviv, New York et Paris, vous habitez aujourd’hui au Luxembourg. Qu’êtes-vous venu faire ici ?

 

Shauli Einav : J’ai eu l’opportunité de travailler à l’International School of Luxembourg. À Paris, la vie était devenue trop intense. C’était le moment pour changer d’air! Bon, bouger aux quatre coins du monde, c’est une sorte d’habitude (il rit). Ma femme est mezzo-soprano, et elle a, comme moi, joué un peu partout. Habiter alors au Luxembourg n’a pas bouleversé nos habitudes, en dehors de la crise sanitaire qui est passée par là.

Devoir travailler à côté comme professeur, est-ce une preuve que la vie de musicien reste compliquée ? 

Devant la télévision ou sur internet, les gens ont une fausse image de ce qu’est la vie d’artiste. Mais si on remonte quatre siècles en arrière, Mozart ou encore Beethoven étaient professeurs! Peu de musiciens vivent de leur art. Keith Jarrett, par exemple, jouait à des mariages! Et si Vivaldi a été capable d’enseigner, je suis qui, moi, pour dire « non, je suis juste un artiste! » Surtout qu’il faut du temps pour développer une carrière, et même pour les plus renommés, ce n’est pas facile tout le temps. Sans oublier qu’il y a un vrai plaisir à enseigner. Transmettre les traditions et son expérience aux plus jeunes, oui, c’est gratifiant! lire la suite ici

Telerama

on Tuesday, 09 April 2019. Posted in Animi, CD reviews, French

ANIMI

Telerama

Par Louis-Julien Nicolaou

Brillant, malin, Shauli Einav aime à arpenter des chemins harmoniques bien balisés pour en recueillir des tournures originales et toujours séduisantes. Son dernier album, Animi, rayonne ainsi de confiance dans un jazz vif, qui swingue et sourit avec éclat. De quoi donner envie de retrouver le saxophoniste au Duc des Lombards, d'autant qu'il sera entouré de musiciens fabuleux, Paul Lay (piano), Florent Nisse (contrebasse) et Gautier Garrigue (batterie).

Culture Jazz & Jazz in Lyon

on Friday, 29 March 2019. Posted in Animi, CD reviews, French

ANIMI

Culture Jazz & Jazz in Lyon

By Yves Dorison

Voilà un disque dont la musique est fort bien arrangée et puise à diverses sources de richesses modales et autres subtilités rythmiques sur lesquelles elle arrive à innover. Ce n’est jamais simple d’être original mais Shauli Einav arrive à nous faire croire que son jazz à des caractéristiques qui lui sont propres. Avec un line-up international, lui et son groupe parviennent à une cohérence de tous les instants assez exemplaire. C’est foisonnant, bourré d’énergie positive et véritablement expressif. Sur les tempi lents, le quintet met en avant la finesse d’exécution qui le singularise et offre aux solistes des espaces propices aux improvisations les plus abouties. Tous sont clairvoyants, réactifs, (mention spéciale au vibraphoniste Tim Collins) et nous donnent quelquefois l’impression d’écouter un album atypique et vigoureux du jazz américain des années soixante dans ce qu’il avait d’expérimental (du côté des Booker Little et autres Oliver Nelson et George Russell) ; ce qui n’est pas pour nous déplaire d’ailleurs. Shauli Einav conserve malgré tout, notamment grâce à ses racines, une voix personnelle qui démarque son projet de bien d’autres, plus consensuels et, pour tout dire, assez indigestes. A découvrir prestement.

JazzMagazine Chronique

on Tuesday, 23 February 2016. Posted in CD reviews, French

Par Jacques ABOUCAYA

jazzmagazine

SNES

on Wednesday, 24 April 2019. Posted in Animi, CD reviews, French

Par Nicolas Béniès

Shauli Einav, saxophoniste israélien installé à Paris, ne veut pas perdre la mémoire d’un temps où l’avant-garde était saluée comme une nécessité vitale et participait de l’utopie de la construction d’un monde différent, libre, égal et fraternel. Je vous parle d’un temps... que le jeune trentenaire a connu via le saxophoniste un peu oublié – quel dommage – Arnie Lawrence qui lui a servi de maître en Israël.

Jazz : Animi
Shauli Einav a constitué un quintet qui s’inspire de l’esthétique de ceux réunis par Andrew Hill pour Blue Note dans ce milieu et fin des années 1960 ou de Tony Williams ou encore de Bobby Hutcherson. Ces références ne viennent pas écraser les compositions du saxophoniste mais les éclairer. Aucune copie servile, simplement à la fois un travail de mémoire bousculé par la force vivante de musiciens qui veulent trouver dans le monde d’aujourd’hui qu’ils contestent dans ses fondements. Le compositeur n’oublie pas non plus d’où il vient : la Palestine, terre divine et terre de cultures. Le oud de Fayçal Salhi sur « One step up » - un pas vers le ciel ? – trace les parcours.

Tim Collins, vibraphone, remet au goût d’un jour étrange la sonorité d’un instrument trop peu sollicité dans ses développements possibles, Andy Hunter au trombone réussit une sorte de quintessence de tous ses prédécesseurs qui ont voulu se dégager autant que faire se peut de Jay Jay Johnson à commencer par Grachan Moncur III. Yoni Zelnik confirme sa capacité à asseoir rythme et tempo pour permettre aux quatre autres de s’élancer vers d’autres cieux et Guilhem Flouzat sait réaliser une curieuse synthèse entre tous les batteurs modernes à la manière d’un Joe Chambers.

Le tout donne envie de vivre encore et encore pour provoquer d’autres émotions. « Animi » - un pluriel nécessaire - dit le titre de cet album pour affirmer le primat de la fougue de l’esprit et du corps.

Jazz Magazine

on Tuesday, 09 April 2019. Posted in Animi, CD reviews, French

Par Franck Bergerot

Jazz Magazine

SE Jazz Mag

Notes de Jazz

on Tuesday, 09 April 2019. Posted in Animi, CD reviews, French

Par Michel ARCENS

C’est toujours un moment de vraie réjouissance lorsqu’on découvre pour la première fois un nouveau saxophoniste qui, sur cet instrument qui est au cœur même du jazz, vous réjouit d’entrée.

Shauli Enav est parti de sa terre d’Israël a passé plusieurs années à New York où il a rencontré les meilleurs musiciens d’Outre-Atlantique. Mais, à trente-six ans, il s’est désormais installé à Paris et c’est tant mieux pour nous. Parce que nous pouvons imaginer que nous aurons l’occasion de l’entendre bientôt un peu partout ici.

Pour une certaine génération – celle qui a vécu l’effervescence du jazz des années soixante et soixante-dix – Shauli Einav est une sorte de miracle. Nous retrouvons en lui des accents qui nous rappellent, non pas les plus grands, les plus célèbres, mais quelques-uns de ceux qui ont fait la diversité de cette musique, qui ont apporté des couleurs singulières et, sans qui, cette période n’aurait pas été aussi riche et fertile de couleurs renouvelées, d’images impossibles, de vitalité partagée. Il y a chez Einav des choses (appelons-les ainsi faute de mieux, car les mots, encore une fois ont une certaine impuissance, une sorte d’incapacité à dire la musique, dès qu’on les prononce – ou qu’on les écrit – on a l’impression qu’ils dissimulent plus qu’ils n’éclairent) il y a donc des choses qui ont cette vertu étonnante d’être des références et, au même moment, de dévoiler des horizons jusqu’ici inconnus.
Il y a chez Shauli Einav des choses magnifiques qui viennent peut-être de Booker Ervin, d’Eric Dolphy, d’Andrew Hill, de Charlie Rouse le saxophoniste de Thelonious Monk, de Bobby Hutcherson. Et qui, cependant sont des mondes à part.

« Animi » (Berthold Records/Distribution Differ-Ant) est une très belle réussite, un enregistrement où l’on a, à chaque moment, l’occasion d’une authentique réjouissance. C’est aussi parce qu’aux côtés de Shauli Einav (ts, ss) se trouvent d’excellents musiciens : Tim Collins (vb), Andy Hunter (tb), Yoni Zelnik (b), Guilhem Flouzat (dm) et Fayçal Salhi (oud).

 

Shauli Einav en quête de dérive / Jazz Magazine

on Tuesday, 23 February 2016. Posted in Concerts reviews, French

par Jean Francois MONDOT

Shauli Einav en quête de dérive / Jazz Magazine

http://www.jazzmagazine.com/shauli-einav-en-quete-de-derive/

Le jeune saxophoniste israélien a proposé samedi soir au Duc des Lombards une musique cherchant à se libérer des automatismes et des formules toutes faites. Il était aidé pour cela par une rythmique de jeunes diables survoltés: Paul Lay, Florent Nisse, Gautier Garrigue.

Shauli Einav (ts, sop) Paul Lay (p, fender), Florent Nisse (b), Gautier Garrigues (dm), Duc des Lombards, samedi 5 février 2016

Dès le début du premier morceau le jeune saxophoniste israélien (installé récemment à Paris, et qu’on aura donc le plaisir d’entendre régulièrement) prend la parole au sax ténor. On se dit que le concert va commencer par un chorus de ténor en majesté. Mais au bout de deux minutes Einav s’interrompt, semble changer d’avis, et cède la parole à sa rythmique. Il manifeste une évidente intention de briser les routines et de trouver une spontanéité dans les constructions sonores et les prises de parole que la suite confirmera. Florent Nisse (contrebasse) et Paul Lay (piano) font monter la mayonnaise à une vitesse vertigineuse. Shauli Einav revient alors, et se lance dans des arpèges biscornus qui m’évoquent un peu Mark turner. Je tente d’identifier le son très particulier de ce jeune saxophoniste. Il possède quelque chose de rêche, de rugueux, de rapeux, bref une de ces sonorités caractérisant un ténor désireux de chauffer à blanc son auditoire. Sauf que Shauli Einav se sert de ce son pour tracer des esquisses en demi-teinte. Plus tard, après le concert, il énonce la liste de ses maÎtres: Charlie Rouse, Harold Land, Earvin Booker, Lucky Thompson. Shauli Einav, la chose est claire, n’entend pas s’inscrire dans la liste émules de Stan Getz…


Au bout de quelques morceaux il me semble saisir que cette musique se caractérise par une sorte d’art de la dérive. Les morceaux débutent souvent sous des auspices classiques qui pourraient être qualifiés de hard-bop, ou de post hard bop. Mais ça ne dure pas. Paul lay, Florent Nisse, Gautier Garrigue font tanguer le navire, arrachent les voiles, crèvent les bouées, regardent jusqu’où on peut faire gîter le bateau. Quant à Shauli Einav, il les laisse faire avec une jubilation non dissimulée et sans inquiétude: Il se sait capable de nager en eau profonde. La section rythmique tient donc un rôle essentiel dans le groupe. Ce sont eux qui emmènent le quartet vers l’acidité et la dissonance. Ce processus de dérive volontaire est empreint de vitalité et d’allégresse. Il donne lieu à des moments endiablés. On remarque combien Florent Nisse et Gautier Garrigue se livrent à une sorte de surenchère amicale avec Paul lay pour pousser celui-ci à aller encore plus loin dans ses explorations. Il délivre plusieurs chorus magnifiques. Florent Nisse, sur I surrender dear, prend également un chorus très marquant qu’il termine avec une grande maîtrise de la construction narrative. Les dernières notes qu’il fait entendre sonnent comme la conclusion inéluctable de son solo sans que le moindre signe, le moindre regard soit nécessaire.

Tous les morceaux sont des compositions de Shauli Einav, issues de son disque « Beam me up » qui vient de paraître chez Berthold Records. On remarque particulièrement le magnifique Dolce Gustav, et ces deux ou trois morceaux qui enracinent la musique de Einav dans l’univers yiddish ou israélien, par exemple ce très beau morceau joué en hommage à son père, à la fin du concert. Mais le groupe joue aussi quelques standards, un Love for sale gorgé d’énergie vitale, I surrender Dear, vieille mélodie des années 30, et en rappel, comme un cadeau, un superbe Isfahan. Cette composition de Billy Stryhorn n’est pas caressée avec suavité, comme dans l’interprétation de Johnny Hodges, mais éraflée avec délicatesse par Shauli Einav. La composition garde toute sa tendresse mais gagne en muscles et en nerfs, et c’est très beau. Le saxophoniste israélien montre d’ailleurs une manière de jouer les standards, avec cette liberté nuancée d’éraflures, qui est véritablement passionnante.
Après le concert, on recueille la parole des musiciens. Le batteur Gautier Garrigues parle de l’une de ses influences actuelles, Marcus Gilmore, petit-fils de Roy Haynes « Il a fait évoluer la manière d’aborder le swing…Il propose une approche plus ouverte qui n’est d’ailleurs pas loin de celle de Roy Haynes. ça m’intéresse beaucoup… ». Shauli Einav confirme que c’est la recherche d’une forme personnelle de liberté qui a inspiré la musique jouée ce soir: « Je ne cherche pas une liberté totale, car il faut pour cela être un génie. Cela mène le plus souvent à des impasses , sauf si on s’appelle Ornette Coleman… ».

Paul Lay souligne sa recherche de la spontanéité absolue et de sa volonté d’écarter au maximum les clichés: « Une remarque d’un de mes professeurs au Conservatoire, patrick Moutal, m’a marqué pour la vie. Il m’a dit un jour: quand on monte sur scène, on tire la chasse. cette remarque s’est inscrite en moi… ».
J’interroge enfin Florent Nisse sur son merveilleux chorus sur I surrender dear, un solo où à plusieurs reprises il a paraphrasé le thème, ce qui est assez rare dans les solos de contrebasses. Florent Nisse développe une théorie sur ce que ne doit pas être un solo de basse : « Il y a deux manière de faire des solos de contrebasses que j’essaie à tous prix d’éviter. La première consiste à faire des phrases acrobatiques dans l’instrument, si bien qu’à un moment on a envie de dire au gars « change d’instrument et fais de la guitare ». la deuxième consiste à proposer un solo qui ressemble à une ligne de basse et n’apporte pas grand chose… ». Florent Nisse, par ailleurs un fin compositeur, a participé à un beau disque « Aux mages » (avec notamment Jakob Bro).Florent Nisse et Gautier Garrigue sont membres du groupe Flash Pig, qui prépare un disque ambitieux pour le mois de juin. On en reparlera. On reparlera aussi abondamment de tous ces jeunes musiciens brillants en 2016 (et dans les années qui viennent…).

Jazz News

on Friday, 12 April 2019. Posted in Animi, CD reviews, French

Alice Lecrecq

Jazz News

Jazz News Shauli

les dernières nouvelles du jazz

on Tuesday, 09 April 2019. Posted in Animi, CD reviews, French

ANIMI

les dernières nouvelles du jazz

Par Xavier Prévost

À propos de ce disque le texte du livret, signé Evan Haga (ancien rédacteur en chef du magazine états-unien JazzTimes) évoque judicieusement sa parenté avec un courant de la seconde moitié des années 60 au sein du label Blue Note : Eric Dolphy, Andrew Hill, Grachan Moncur III, Bobby Hutcherson.... On pourrait tout aussi légitimement y ajouter Sam Rivers, Tony Williams, certains des Wayne Shorter de la période, et pourquoi pas le tandem Don Cherry-Gato Barbieri, c'est à dire tout un courant qui fait faire un pas de côté (ou un bond en avant ?) au jazz moderne (déjà post-moderne) de l'époque, en un temps où le catalogue accueillait aussi Cecil Taylor et Ornette Coleman. Façon pour nous qui écoutons ce disque de reconnaître une démarche qui, tout en s'inscrivant dans le jazz de stricte obédience, va chercher dans les marges des émotions et des sensations qui rafraîchissaient nos oreilles de l'époque. Et le disque assurément procède de cette esthétique qui, entre consonances et tensions, fluidité mélodique et escarpements inattendus, réjouit l'écoute de ceux pour qui le jazz n'est pas qu'un long fleuve tranquille. Pas révolutionnaire, loin s'en faut, mais habité par une sorte d'urgence plus que sympathique, l'album nous entraîne, consentants, vers une subtile mélancolie où l'intelligence a son mot à dire. Les solistes du groupe ne sont pas pour peu dans la réussite du CD, et la présence sur une plage du joueur de oud algéro-franc-comtois Fayçal Salhi étend encore le champ des possibles. Le saxophoniste israélien de Paris, bien entouré, signe assurément une réussite artistique.

 

DJAM la revue

on Thursday, 14 April 2016. Posted in CD reviews, French

Philippe Lesage

Lecture rapide du line-up. Satisfaction non dissimulée devant les noms de la section rythmique : le pianiste Paul Lay – dernier prix Django Reinhardt décerné par l’Académie du Jazz – le contrebassiste Florent Nisse et le batteur Gautier Garrigue. Aux saxophones soprano et ténor, le leader Shauli Einav, un musicien israélien de 33 ans qui s’est déjà produit aux côtés de Aaron Golberg, Avishai Cohen, Don Friedman, Omer Avital ou Shai Maestro et qui eut comme professeur Arnie Lawrence et qui avoue être attiré par des saxophonistes comme Harold Land et Charlie Rouse (on apprécie ces choix assumés). Ceux qui s’exclameront qu’il s’agit encore d’un musicien israélien qui se partage entre les Etats–Unis et Paris devront reconnaitre que le jazz d’aujourd’hui se revivifie avec eux. Il signe toutes les compositions et précise dans le livret qu’il a fait appel à Assaf Matiyahu, sans doute pour affiner des correspondances latentes existant entre ses propres compositions et celles de Prokofiev, principalement sur les titres «  1415 », «  Tao Main » et «  Assai ».

Qu’est-ce qui fait encore courir de jeunes jazzmen ? Est-ce jouer une musique de ce niveau où leader et sidemen deviennent quatre mousquetaires endossant le fameux : «  tous pour un .. » ? Est-ce la volonté de « réévaluer les choses importantes de la vie et de penser le moment présent sans penser au passé ni au futur » comme l’écrit Shauli Einav dans son texte de pochette? Sans avoir de réponse précise, l’auditeur ne peut que boire à cette fontaine de jouvence et toutes les plages étant plus belles les unes que les autres, à aucun moment il ne lui prend l’envie d’appuyer sur la touche pause.

Comme précisé plus haut, dans ce que l’on pourrait qualifier d’ improvisation collective, les trois premières morceaux («  1415 », «  Tao Main » et «  Assai »), évoquent sans pesanteur les rythmes et dissonances de Prokofiev ; le sax y a parfois un son rugueux mais le piano de Paul Lay est élégant et lyrique et la basse se taille souvent la part du lion ; par contre, dans « Ten Weeks », le souffle long et acide du sax libère un fond angoissant. Un profond changement de climat s’opère sur les deux dernières plages : « Beam Me Up » et sur « 76 San Gabriel ». Dans «  Beam Me Up » le fender rhodes, avec ses accents plus datés, reprend les notes introductives de la contrebasse avec une insistance répétitive alors que le piano est remplacé, dans « 76 San Gabriel », par les accents métalliques de la guitare de Pierre Durand pour délivrer une musique évocatrice d’images.

Citizen Jazz

on Thursday, 04 February 2016. Posted in CD reviews, French

Citizen Jazz

Déjà quatre albums au compteur pour le jeune et fougueux saxophoniste israélien Shauli Einav, installé à Paris depuis 2013. Dans Beam Me Up, il se présente en quartet accompagné par l’hyperactif Paul Lay au piano (Ping Machine, Géraldine Laurent, Eric Le Lann,…) et par la paire Florent Nisse / Gautier Garrigue, soit la rythmique du groupe Flash Pig, jeune quartet français que l’année 2016 devrait consacrer. C’est justement cet attelage qui retient d’abord l’attention tant les deux hommes assoient le tempo avec autorité tout en distillant de subtiles nuances et variations qui poussent Einav à se démultiplier. Saxophoniste puissant et véloce, il est très à l’aise sur les up tempo dans une veine finalement très hard bop. Mais un hard bop moderne qui n’hésite pas à expérimenter la dissonance et les constructions tarabiscotées comme dans « Tao Main » où Paul Lay livre un magistral solo, « 1415 » aux réminiscences balkaniques ou « Dolce Gustav » aux changements de rythme incessants. Les morceaux plus lents, tels « Assai » ou « Ten Weeks » font entendre un Shauli Einav très lyrique et mettent en lumière la musicalité et la personnalité de la section rythmique.
L’album se clôt [1] sur « 76 San Gabriel », beau duo tout en retenue et délicatesse avec le guitariste Pierre Durand, invité pour l’occasion.

Les Chroniques de HiKo

on Wednesday, 10 April 2019. Posted in Animi, CD reviews, French

Par HiKo

Les Chroniques de HiKo

Le saxophoniste israélien Shauli Einav nous revient après Beam Me Upparu en 2016, avec un troisième projet tout aussi prometteur que les précédents, baptisé Animi. Basé à Paris depuis peu, après s'être formé à Jerusalem et illustré sur l'éblouissante scène new-yorkaise, il trouve dans la capital française les conditions propices à un retour aux sources et les latitudes adéquates à ses va-et-vient culturels continus entre Etats-Unis, Europe de l'Ouest et Moyen Orient. Musiques du monde et jazz se marient alors dans un langage sonore subtil et savant, que le compositeur, fin improvisateur et habile directeur musical exprime avec audace et énergie. Il parvient à maintenir l'équilibre entre tradition et innovation, citant comme influences les trop méconnus Charlie Rousse et Arnie Lawrence, les emblématiques Georges Russell, Jason Lindner et Avishai Cohen, sans oublier les légendaires piliers du label Blue Note, Eric Dolphy, Bobby Hutcherson ou encore Andrew Hill. Entouré de complices talentueux, le tromboniste Andy Hunter (ex-Snarky Puppy), le vibraphoniste Tim Collins, le précieux contrebassiste Yoni Zelnik et le batteur Guilhem Flouzat, Shauli nous livre un disque cuivré et attachant, composé de 11 pistes au lyrisme impressionnant et à la puissance mélodique convaincante.
Nous retiendront également la participation du joueur de oud algérien Fayçal Salhi, qui brille dans le sublime et inspiré "One Step Up"...

Citizen Jazz

on Tuesday, 09 April 2019. Posted in Animi, CD reviews, French

ANIMI

Citizen Jazz

Par Julien Aunos, 7 Avril 2019

Après un dernier album remarqué paru en 2016, le saxophoniste israélien Shauli Einav semble s’être donné du temps pour digérer ce succès et revenir sur le devant de la scène, avec un projet tout neuf baptisé Animi. Il s’est entouré de nouveaux musiciens pour former un quintet à l’orchestration originale : Andy Hunter (présent sur les deux premiers albums du saxophoniste) au trombone, le vibraphoniste Tim Collins, l’impeccable contrebassiste Yoni Zelnik et Guilhem Flouzat à la batterie.

La présence du vibraphone bariolé de Collins apporte rebonds et couleurs à la musique douce et virevoltante d’Einav. L’association entre la plasticité des saxophones du leader et la rondeur du trombone de Collins fonctionne à plein dans les unissons comme dans les contrepoints. Quant à la paire Zelnik/Flouzat, elle fait montre d’une grande complicité et d’un swing à toute épreuve.
Un disque sensible et généreux.

Sélection Couleurs Jazz

on Tuesday, 23 February 2016. Posted in CD reviews, English, French

Par Vincent Suzat

Sélection Couleurs Jazz

***See English below

Le saxophoniste Shauli Einav nous livre un des CD les plus enthousiasmants de la production de ces derniers mois. Un jazz moderne, brillant, à la fois cérébral et sensible, réfléchi et créatif, osant des couleurs vives (que certains trouveront pas assez académiques…), et présentant toujours une très belle musicalité.

La présence de Paul Lay au piano est remarquable. Bien au-delà d’un simple sideman, ses prises de paroles sont mélodieuses, sans jamais tomber dans la facilité, ni dans la virtuosité claviéristico-sportive, les dialogues avec le saxo sont d’une grande intelligence, les couleurs d’harmonies à la fois consonantes et libres de tendre vers une dissonance moderne qui reste malgré tout très compréhensible. « Tao Main » en est un exemple magistral. Le travail au rhodes sur Beam Me Up présente aussi des harmonies modernes et subtiles avec le saxo.

La paire rythmique Florent Nisse / Gautier Garrigue, compères de l’excellente formation française Flash Pig, nous bâtissent une ossature à la fois dense et relevée, un échafaudage solide, intense, jamais simpliste, toujours nuancé, en évolution permanente, permettant l’expression mouvante des deux autres.

Shauli Einav a du chercher un son, au centre de ce paysage, et il l’a trouvé. Je le trouve un peu plus nuancé que dans ses trois précédents opus, plus subtil, et osant plus le plein chant aussi (j’y reconnais un peu de Zorn quand il fleurte entre phrasé consonant et dissonant?). Mais toujours avec la même vigueur, la même lumière.

Il parait que Prokofiev a été une source d’inspiration pour cet album. On y reconnait certes quelques couleurs mélodiques, quelques motifs harmoniques et rythmiques, mais cela reste prétexte.

On retient surtout un formidable équilibre d’ensemble, une modernité radieuse, énergique et sensible, et très intelligemment construite, à laquelle on revient avec plaisir.

Beam me up, Scotty !


The saxophonist Shauli Einav delivers one of the most exciting CD of these last months production. A modern, brilliant, at the same time cerebral and sensitive, thoughtful and creative jazz, daring lively colors (that some will find not rather academic), and always presenting a very beautiful musicality.

Paul Lay‘s presence at the piano is remarkable. Far more than a sideman, his play is melodious, without ever falling in the ease, nor in the keyboard-sports virtuosity, the dialogues with the sax are full of intelligence, the colors at the same time consonant and free to aim towards a modern dissonance which remains very accessible. « Tao Main » is a good example. The parts with the fender rhodes on Beam Me Up is a very delicate and modern job too.

The rhythmic duo Florent Nisse / Gautier Garrigue, from of the excellent French band Flash Pig, builds us a dense and spicy skeleton, a solid, intense, ever simplistic scaffold, always subtil, in permanent evolution, allowing the moving expression of two others.
So, Shauli Einav had to search for his proper sound, in the center of this landscape, and he found it well ! He seems to me a little bit more subtile than in his three previous albums, and daring more the full singing also (do I recognize a little thing from Zorn when he drives between consonant and dissonant phrasing?). But always with the same energy, the same light.

I hear that Prokofiev was a source of inspiration for this album. We recognize certainly some melodic colors and rhythmic patterns, but it is a pretext.
We retain especially a great balance for all the band, a radiant, sensitive modernity, very intelligently composed. I’ll play it again with pleasure !

Beam me up, Scotty !

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